Section « La Genèse de la Carte » Tempérance est partie des quatre vertus cardinales de la chrétienté. Même si tempérance a fini par acquérir des ailes d'ange, la tempérance est en fait la plus terre-à-terre des vertus. Comme le décrivent Aristote et Platon, la tempérance est la vertu qui régule la jouissance des plaisirs sensuels, notamment la nourriture, la boisson et le sexe. Les personnes tempérées apprécient ces plaisirs avec modération, tandis que les personnes aux prises avec son vice, compagnon, la gourmandise, en abusent au point de nuire à leur santé ou à leur réputation. Tempérance a une image standard dans la Renaissance et l'art ultérieur, c'est-à-dire une femme assise ou debout diluant du vin avec de l'eau en versant le liquide d'un récipient à un autre. Jusqu'au XIXe siècle, le vin trop fort devait souvent être tempéré avec de l'eau avant d'être servi. Des pratiques de récolte et de fermentation grossière pouvaient produire du vin avec trop d'alcool, de sucre ou de tannin, le rendant imbuvable jusqu'à ce qu'il soit dilué. Ces représentations bien connues de tempérance ont été peintes sur des panneaux de bois au milieu du XVe siècle. Le liquide qui coule à un angle qui défie les lois de la physique suggère que la scène est surnaturelle et allégorique. Les femmes se concentrent calmement et intensément sur leurs tâches et versent un liquide d'une main ferme. La figure de Pesilino porte le halo festonné autour de sa tête qui signifie une figure allégorique dans l'art florentin. Elle tient deux peaux identiques non décorées. L'homme à ses pieds, Scipion, l'Africain, illustre la vertu de la tempérance. La femme, richement vêtue et coiffée à la mode peinte par Polaillolo, verse le liquide d'un pot élaboré dans un bassin incrusté de pierres précieuses posées sur ses genoux. Dans l'Europe médiévale et renaissance, tempérance figurait comme un pilier éthique. Dans la doctrine chrétienne, tempérance désigne la maîtrise des désirs charnels et l'équilibre entre les excès. Cette vertu, aux côtés de la prudence, de la force et de la justice, structure l'éthique personnelle et sociale. Dans le XIIIe siècle, son symbolisme s'ancre dans l'art religieux. Les sculptures des cathédrales gothiques comme celles de Nantes la montrent sous les traits d'une femme drapée versant de l'eau d'un récipient à un autre. Ce geste emprunté à l'Antiquité, où il évoquait la dilution du vin, devient une métaphore de la modération des passions. Michel-Colombe, dans son Tombeau de François II de Bretagne de 1502 à 1507, sculpte la tempérance comme une simplicité vestimentaire avec une grande simplicité vestimentaire et une expression sereine, contrastant avec la force armée ou la justice portant une épée. Ses choix esthétiques soulignent sa nature apesante, capable de tempérer les ardeurs guerriers ou judiciaires. L'iconographie médiévale associe systématiquement la tempérance à trois objets précis. D'abord deux vases, l'un contient de l'eau, l'autre du vin, symbolisant l'adoucissement des excès. Sur le portail de l'hôtel de ville de La Rochelle, 17e siècle, la figure tient ses récipients avec une précision géométrique, évoquant l'harmonie mathématique faire à la Renaissance. Deuxième objet, une bride ou un frein. Représenté sur des enluminures, cet attribut renvoie au contrôle des pulsions, comme le Piotier de Bonne de Luxembourg, 1349, où un ange tient un mort pour diriger un cheval ailé. Troisième objet, une horloge ou un sablier. Apparu à la Renaissance, cet objet illustre la mesure du temps et des actions, comme dans la fresque de Pierrot d'Elpoux, à Florence en 1470. Ces éléments, codifiés par des traités comme l'Iconolia de Césareripa, en 1593, ont servi de répertoire visuel aux artistes jusqu'au 18e siècle. -------------------------------- Section suivante, les premiers tarots historiques. je metst en parallèle à la fois le tarot Charles VI, le tarot Rosenwald et le tarot Visconti. Les tarots du 14e siècle, comme le Visconti Sforza de 1441, reprennent littéralement l'iconographie chrétienne. La tempérance y apparaît comme une jeune femme versant de l'eau entre deux urnes, dans une posture calme et frontale. Cependant, une variante intrigante du tarot Alessandro Sforza la montre nue, assise sur un cerf, une main couvrant son sexe tandis qu'elle verse de l'eau depuis une coupe. Cette image, inspirée du mythe d'Acte IACTON, fusionne chasteté et domination des instincts, ajoutant une dimension psychologique à la vertu. J'ajoute davantage de précision sur le tarot d'Alessandro Sforza. Comme je l'ai dit, une femme nue est assise sur le dos d'un cerf, ses épaules tournées en direction de la tête de l'animal. De sa main droite, elle fait tomber l'eau d'une coupe sur son sexe qu'elle couvre de sa main gauche. La coupe est difficile à distinguer car elle a été gravée au pinceau en même temps que d'autres éléments décoratifs. En accord avec le sens chrétien, tempérance ayant pour tâche prioritaire de dompter la sensualité les plaisirs sexuels, il est donc conséquent que la chasteté figure parmi ses vertus. Dans le tabernacle 1369 du peintre sculpteur ORCAGNA, les quatre vertus cardinales sont représentées chacune, placées selon les préceptes de saint Thomas d'Aquin, côte à côte avec les vertus associées. En particulier, on y voit les vertus d'humilité et de virginité reliées à la vertu cardinale de tempérance. La représentation de tempérance sur la carte d'Alexandros Forza est reliée au mythe grec d'Artemis de la Diane Romaine, Diane, allégorie d'enseignement moral. La déesse lors du retour d'Anathos, son apparition annuelle, un moment où elle renouvelait sa virginité en se baignant dans une source sacrée, fut observée et désirée avec concupiscence par Actéon. A-c-t-o-n, furieuse, la déesse, le métamorphosa, en sert un animal relié à son mythe de déesse de la chasse nommé Elafebolos, c'est-à-dire celle qui chasse le cerf à l'aide de flèches. Toutefois, le dain était aussi perçu comme un animal symbole de douceur, au sens de modération, et doté de multiples prérogatives. Dans la mythologie romaine, Diane fut toujours perçue comme une déesse vierge, son rituel immuable et le geste de prendre et de verser de l'eau, élément de régénération et de purification. C'est pour cette raison qu'à Rome, les temples des Vestales, vierges consacrées, étaient situés entre de petits bois à proximité de sources surgissant d'escarpements rocheux. Diane complète son rituel de purification, non pour refroidir certaines ardeurs, en effet la déesse est toujours vierge, mais parce qu'en versant l'eau sur son os, son sexe comme récipient relié au liquide, elle est en contact avec les énergies des deux os, renouvelant sa pureté virginale. Sur la base de la description donnée dans le mythe, la représentation assume une valeur morale, à l'image de la déesse l'emportant sur Actéon, symbole de la tentation, en le rendant tempéré de la même façon les hommes doivent dompter et maîtriser les instincts, demeurer en état de chasteté en s'abreuvant à l'eau salvatrice de tempérance. La position assumée par la déesse sur le cerf n'est pas inhabituelle dans l'art médiéval tardif. Sur un mortier vénitien du 15e siècle, l'on trouve d'une façon similaire un animal fantastique que chevauche un garçon. Le jeu de cartes peint à la main de Charles VI est très similaire au tableau de Pesellino. Le liquide coule à un angle impossible entre deux pots en terre cuites non décorées. Cette figure a le même halo autour de la tête qui dénote une figure allégorique. De même, la carte de Rosenwald, imprimée en bloc, est presque identique à la carte de Charles VI. La carte Visconti Sforza a été peinte à Venise ou à Florence dans les années 470 pour compléter le jeu partiel créé à l'origine dans les années 450. Les tresses et les barres roulées de la femme peuvent indiquer qu'elle est une servante tenant des récipients semblants identiques. -------------------------------- Section suivante Le tarot anonyme de Paris. Ici nous avons une tempérance qui dénote de ce que l'on voit d'habitude, puisque nous avons une jeune femme qui manifestement jette un liquide, sans doute de l'eau car il est coloré en bleu, sur ce qui semble être au sol. Donc elle jette de l'eau au sol, et particulièrement ce qui semble être un feu au sol, et qui dégage de la fumée, ou c'est le feu peut-être qui dégage de la fumée. Donc on ne sait pas si les volutes qui sont au-dessus du feu sont la fumée du feu ou la vapeur qui se dégage de l'évaporation de l'eau. En tout cas ici nous avons une tempérance qui jette de l'eau sur le feu, et qui pourrait être interprétée comme le fait d'éteindre le feu qui est en nous, ou de calmer les impulsions et les désirs qui sont en nous. -------------------------------- Section suivante, le tarot de Marseille de type 1. Avec le tarot de Marseille de type 1, Jean Noblet ajoute ou se distingue des tempérances des tarots italiens par deux aspects très différents. Des cartes des tarots italiens du siècle précédent. Le premier aspect qui fait distinguer Tempérance des cartes précédentes est le fait que Tempérance porte des ailes et donc cela transforme Tempérance en un ange. Alors, il est difficile de comprendre quelle a été la raison pour laquelle Tempérance dans le tarot de Marseille s'est vue attribuer des ailes. Personnellement, je pense que les quartiers maîtres avaient besoin de créer quatre anges dans le tarot de Marseille, chacun associé à un des quatre éléments terre, feu, air et eau. Ici, Tempérance étant reliée à l'élément air et non pas à l'élément eau comme on pourrait le croire, parce que Tempérance est reliée, associée à l'étoile qui elle aussi porte deux amphores dont elle verse le contenu dans une pièce d'eau, dans une mare ou un lac devant elle à ses pieds et la carte de l'étoile étant elle aussi associée à l'élément air. Le deuxième aspect très changeant par rapport aux cartes précédentes est que Tempérance se voit porter un diadème donc elle a un bijou qu'elle porte au milieu de son front qui souvent a une apparence de fleur. Ce diadème, que peut-il signifier ? Là aussi les théories et les raisons peuvent être nombreuses. Là encore, j'ai envie de dire que ce diadème est la concrétisation que Tempérance agit avec son intellect, agit avec sa raison, afin de tempérer et de modérer ses ardeurs. Donc ici, ce diadème indique que cette figure, cette jeune femme, agit avec sa raison. Car son esprit, sa cognitivité ou sa cognition, cognition est consacrée, factualisée, concrétisée par le diadème qu'elle porte sur son front et qui rend sa raison et son intellect prioritaire. Ces deux aspects fondamentaux de Tempérance, à savoir les ailes d'ange et le diadème sur le front, qui apparaissent avec le tarot de Marseille de type 1, vont rester, à partir de ce moment-là, une constante dans tous les tarots de Marseille et vont faire partie de la forme canonique de Tempérance. -------------------------------- Section suivante, le tarot de Jean DODAL. On peut noter que Jean DODAL va lui aussi apporter deux éléments à Tempérance, l'un sera conservé et pas le second. Un des éléments emblématiques de Tempérance de Jean DODAL, c'est que, assez étrangement, la poitrine de DODAL est nue, ou tout du moins apparente, alors que, manifestement, elle porte une robe. Comme on l'a vu, cette poitrine nue, cette nulité de Tempérance, peut être liée à la déesse Diane que l'on a évoquée plus haut. Maintenant, cela rend cette carte assez subversive, mais il ne faut pas oublier que Jean DODAL avait aussi, sur la carte de la papesse, ajouté un grain de beauté sur le visage de la papesse. Donc Jean DODAL, dans son tarot, rend les femmes séduisantes, attrayantes, pour ne pas dire tout simplement féminines. Cependant, Jean DODAL sera sans doute très assurément l'un des seuls maîtres quartiers de la Renaissance qui rendra les femmes féminines dans son tarot, puisque la poitrine nue de Tempérance ne sera pas conservée par la suite, comme le grain de beauté sur le visage de la papesse. Un autre aspect qu'introduit Jean DODAL dans sa carte, et qui sera conservé, est le fait qu'on voit un pied de Tempérance. Dans les tarots historiques italiens, ou même dans les représentations antérieures de Tempérance, le fait qu'on voit ou non le pied de Tempérance était a priori un marqueur non distinctif, ou ce n'était pas un caractère discriminant de la figure allégorique de Tempérance. D'ailleurs, dans le tarot de Jean Noblet, on ne voit pas les pieds de Tempérance. Ici, avec Jean DODAL, il est difficile de considérer si le fait qu'il ait fait apparaître un pied de Tempérance, est-ce que c'est simplement une volonté artistique du maître quartier, ou est-ce que c'est une volonté symbolique de Jean DODAL. Beaucoup de tarologues ont tendance à voir ce pied de Tempérance comme faisant partie intégrante de la forme canonique de la carte de Tempérance, et ainsi y attribuer une valeur extrêmement symbolique et ésotérique de la présence de ce pied. Il est vrai que la présence de ce pied peut indiquer que Tempérance a un pied sur terre, c'est-à-dire qu'elle fait preuve de beaucoup de pragmatisme, qu'elle a la tête sur les épaules et les pieds sur terre. En effet, cela corrobore bien et correspond bien à la dimension symbolique de Tempérance. Ce pied sera conservé et repris dans toutes les versions de tarot de Marseille suivant, et donc conservé par tous les graveurs qui suivront Jean DODAL. Mais je ne suis absolument pas certain que la présence de ce pied ait une volonté délibérée d'inscrire un message symbolique à travers ce pied, ou si c'est tout simplement un élément artistique équilibrant et harmonisant les traits et le dessin de Tempérance. -------------------------------- Section suivante, les variantes tempérances dans le tarot de Besançon. Un autre type de carte de tempérance, où une femme verse de l'eau dans un bol posé au sol, était populaire dans le nord de la France et en Belgique pendant environ une centaine d'années. Cette image apparaît pour la première fois dans le tarot de , VIEVILLE, qui est produit à Paris vers 1650. Ensuite, le tarot de VANDENBORRE, est aussi un bon exemple typique du modèle de Besançon du XVIIIe siècle. Dans le tarot de Besançon, la femme sur la carte de la tempérance porte une couronne et tient un sceptre symbolisant un statut élevé et la souveraineté. Dans le tarot de Jacques VIEVILLE, et on y voit aussi sur le tarot de VIEVILLE, mais aussi sur le tarot Vandenborn, un ruban flottant près de la tête de la jeune femme, sur lequel on peut lire FAMASOL, F-A-M-A plus loin, S-O-L, qui veut dire la gloire seule. C'est une référence à un poème de Matteo Boiardo, qui commence par DOPO LA MORTE SOL FAMA NAVANZA, ce qui veut dire après la mort seule la gloire avance. Cette carte pourrait donc être associée au triomphe de la renommée décrite par PETRARQUE, qui décrit une femme qui, oui, en effet, Petrarch évoque la triomphe de la renommée sur la mort. -------------------------------- Section suivante, le tarot Rider-Waite-Smith. Le jeu créé par Arthur Waite et Pamela Coleman-Smith est l'aboutissement de 150 ans de réflexion occultiste sur cette carte. Eliphas Levy a décrit la carte de la tempérance dans son livre La magie transcendantale, un ouvrage fondateur de l'ésotérisme occidental. Le dessin de Waite suit à peu près la description de Levy. Levy décrit la figure de la carte comme un ange avec le signe du soleil sur son front et sur la poitrine le carré et le triangle du septénaire versent d'un calice dans un autre les deux essences qui composent l'élixir de vie. L'ange de Waite a le symbole astrologique du soleil sur sa tête. Waite explique que le triangle dans le carré symbolise le feu qui habite dans la terre purifiée. Pour Lévy, le triangle à trois côtés et le carré à quatre côtés ont une valeur numérique de 7, le nombre de l'hermaphrodite, ce qui est évident, évidemment la façon dont il voyait l'ange. Les occultistes français ont attribué la lettre hébraïque Noun, N-O-U-N, à cette carte. En parlant de Noun, Lévy dit le ciel du soleil, les climats, le mouvement, les changements de vie qui sont toujours nouveaux et toujours les mêmes. Alors que l'ange verse un liquide d'un bocal à un autre, les mains tournent constamment, créant un mouvement circulaire qui imite le cycle des saisons qui tourne régulièrement au fil des ans. Noun signifie également progéniture ou fruit, ce qui suggère que la combinaison du contenu des deux coupes est un acte alchimique qui créera une troisième substance entièrement nouvelle. Dans la carte de Waite, l'ange se tient debout avec un pied dans l'eau et l'autre sur terre, soulignant la polarité du contenu des coupes, un élixir de guérison tout comme la pierre philosophale de l'alchimiste est la troisième substance qui naîtra de la combinaison du contenu des deux coupes. Cela va au-delà du concept original de dilution d'un liquide par un autre, où aucune nouvelle troisième substance n'est créée. Waite a associé cette carte à l'archange Michel, le guerrier du dieu, qui ne semble pas être un personnage très tempéré. Lorsque la Golden Dawn a réattribué les lettres hébraïques aux cartes, Samekh a été attribué à Tempérance. Cette lettre est associée au sagittaire qui ne semble pas non plus avoir de rapport avec la tempérance, à moins que vous ne considériez la façon dont le centaure combine les natures humaines et animales. Les iris de la carte de Waite font référence à la déesse Iris, la messagère des dieux, dont le symbole est l'arc-en-ciel qui couvre les mondes spirituels et matériels. -------------------------------- Section suivante, tarot moderne, le tarot pirate de l'éditeur Lo Scarabeo. Ce qui est intéressant dans cette image, c'est qu'elle reprend l'analogie de la dilution, parce qu'on voit une jeune femme, certainement une serveuse d'une taverne, qui verse de l'eau dans un tonneau, ce tonneau probablement contient soit du vin, soit du rhum, malgré qu'on n'en ait pas la certitude. C'est très intéressant que cette carte aborde cette notion de dilution, il est juste un peu dommage qu'il n'y ait aucune indication concrète sur ce que contient le tonneau, car in fine ça pourrait être aussi bien du rhum ou du vin, mais aussi de l'eau. Même si je dois avouer qu'on ne voit pas l'intérêt que cette jeune serveuse aurait à verser de l'eau dans de l'eau. Maintenant il est aussi intéressant que cette jeune femme a quand même un buste relativement dénudé et qu'elle paraît finalement assez aguicheuse, et qu'elle pourrait être très attrayante pour les clients de la taverne. Cela peut renvoyer donc à cette notion de chasteté et de comportement et d'attitude vertueuse face au désir et à la vie sexuelle. Cette serveuse qui sert de l'eau dans le tonneau peut être finalement une référence à des classiques grecs où Xenéphon dit que le vin tempéré par l'eau rend les gens heureux, sociables et mentalement vifs alors que si le vin est trop fort, alors les gens se battent et font des bêtises. La serveuse fait donc ce qu'elle peut pour tempérer le tapage de ses clients pirates. -------------------------------- Section suivante, le tarot «Dreams of Gaïa», dans le même esprit de ce que je viens de dire, à savoir la tempérance représentatrice d'une modération de désir et d'impulsion intérieure. Nous avons ici une jeune femme qui est en position de tailleur, fermant les yeux, donc très certainement dans une phase de méditation. Dans chacune de ses mains, il y a ce qui pourrait être des flammes, une flamme comme la flamme d'une bougie, donc indiquant peut-être un feu intérieur qui peut être redoublé par le fait que la jeune femme, autour de son ventre, a deux serpents ailés qui pourraient effectivement évoquer une notion de feu de désir intérieur. A noter que cette jeune femme assise antérieure siège sur ce qui semblait être un trône en pierre qui peut être synonyme de maîtrise et de souveraineté, ici de souveraineté de soi, et autour d'elle, à ses pieds, il y a des roses de couleur bleue qui peuvent être synonyme de pureté, de purification. Il y a un papillon aux ailes blanches, tout comme trois colombes qui s'envolent au-dessus de sa tête. Les colombes et le papillon peuvent symboliser une notion de pureté pour le papillon et aussi davantage de paix pour la colombe. Derrière la jeune femme, il y a deux arbres qui peuvent être symboles de sagesse, de longévité et de durabilité. Ici nous avons donc à l'évidence une carte qui nous parle d'équilibre intérieur et surtout de maîtrise de pulsions et de feu intérieur à travers le calme et la sérénité. -------------------------------- Section suivante, la carte de la vieille femme. Dans le tarot de la vieille femme, un personnage vêtu étrangement d'une cape noire et que l'on voit de dos marche sur un étroit chemin vert entre à gauche le feu et à droite la glace touchant donc les éléments bruts dans toute leur puissance et au-dessus d'elle un ciel noir et parsemé d'étoiles. On va dire dans la continuité de ce que je viens d'évoquer avec les deux premiers tarots et surtout du tarot précédent où je parle de maîtrise, de contrôle, d'impulsion et de désir intérieur. Ici nous avons peut-être davantage une notion de balance et d'équilibre entre des sentiments et des émotions et des aspects opposés à l'intérieur de soi comme si le but était de contrôler et d'équilibrer le feu et l'eau en soi. Donc cet individu n'a pas besoin d'énergie, cet individu n'est ni submergé ni déséquilibré par le pouvoir de ses éléments. Il utilise ce pouvoir consciemment dans la juste mesure pour créer son propre destin car en fait, je ne l'avais pas encore dit, mais cette silhouette noire a une main qui caresse le feu et une main qui caresse les cristaux de glace et donc comme si sa main, de ses deux mains, elle contrôlait les deux éléments. -------------------------------- Section suivante, le tarot des chats, cat tarot. Nous avons ici un chat rouge, peut être symbole de désir puissant qui lèche et boit l'eau d'un aquarium dans lequel on voit un poisson rouge. Donc ici le chat préfère se désaltérer avec de l'eau que plutôt de tendre sa patte griffée pour aller pêcher le poisson. Nous avons ici une carte qui parle donc beaucoup de modération. -------------------------------- Section suivante, la carte de tempérance du Tarot Fontaine, Fontaine Tarot. Nous avons ici une balance très abstraite qui en fait est une planche qui est posée sur une boule et qui tient en équilibre. D'un côté nous avons donc une grosse boule à gauche et de l'autre côté à droite nous avons quatre petites boules. Donc ici nous avons l'idée que le poids des quatre petites boules équivaut au poids de la grosse boule. Encore que l'effet de perspective de la planche peut nous faire poser la question si la planche est véritablement en équilibre, c'est à dire si elle ne pencherait pas d'un côté ici du côté des quatre petites boules. Donc ici nous avons une carte qui nous parle davantage d'équilibre et de balance. -------------------------------- Section suivante, le tarot du cancer exotique, en anglais Exotic Cancer Tarot. Ici nous avons donc une jeune femme relativement sexy puisqu'elle est habillée seulement d'un tailleur blanc et d'une culotte blanche et elle a dans son dos des ailes blanches qui la rapprochent de la tempérance du tarot de Marseille qui elle aussi porte des ailes. Donc cette jeune femme a une nature relativement angélique et elle verse de l'eau depuis une bouteille qui comporte l'étiquette Larmes des Hommes. Donc elle verse l'eau de cette bouteille qui sont en fait donc les Larmes des Hommes dans un verre à pied, une flûte même pourrait-on dire. Cette carte dénote un symbolisme relativement festif de part la présence d'une bouteille et de part aussi la flûte, le verre en flûte. D'ailleurs, on a l'impression que l'eau contenue dans le verre est pétillante. Cette carte a une connotation très festive et il est intéressant qu'on puisse se réjouir et faire la fête avec les larmes des hommes. Peut-être ici est-ce un rappel que l'existence humaine est parsemée d'épreuves et donc de larmes et qu'il ne faut pas voir cela sous l'angle du fatalisme, mais au contraire, il faut non pas se réjouir des épreuves et des larmes, mais être capable de transcender ces larmes et ces souffrances en quelque chose de positif. Ici, je pense que Tempérance prend l'interprétation de voir le côté positif des souffrances. -------------------------------- Section suivante, le tarot des femmes de maison, c'est-à-dire en anglais The Housewives Tarot. Ici, nous avons une image qui décrit un appareil électroménager qui ici est un mixeur qui est en train de mélanger une crème dans un bol pâtissier. Autour de cet appareil électroménager, on voit trois boîtes d'ingrédients, non pardon, quatre boîtes d'ingrédients. Ces quatre boîtes portent symboliquement les noms de joie, de chagrin, de colère et enfin de justice. J'ai l'impression que l'auteur de cette carte a eu envie de nous dire que finalement l'âme humaine est constituée de ces quatre éléments ou peut-être que la tempérance humaine est constituée de ces quatre éléments, c'est-à-dire la joie, le chagrin, la colère et la justice et qu'il faille effectivement faire, on va dire, un mix de tout ça. Si on peut comprendre la présence de la joie, du chagrin et de la colère comme finalement des émotions qui sont antagonistes les unes des autres et qu'il faut équilibrer pour trouver le calme et la sérénité en soi, on peut effectivement se poser la question de la présence de l'ingrédient de la justice. Sachant que la justice fait partie en fait des vertus cardinales et c'est une autre vertu cardinale, on peut peut-être avoir une indication complémentaire parce que sur la boîte de l'ingrédient où il y a marqué justice, en sous-titres, on peut lire seasoning en anglais, ce qui veut dire assaisonnement en français. Donc ça veut dire que la justice est un assaisonnement de la recette et donc elle permet de créer, de concevoir et c'est un élément, un ingrédient de la recette de la tempérance. Je ne suis pas certain que la construction de la tempérance chez soi demande à ce qu'on fasse justice ou que l'on rende justice mais peut-être cela a à voir avec le fait que l'allégorie de la justice ou la représentation des figures de la justice, il y a donc une balance et que peut-être cette balance que l'on voit dans la figuration de la justice peut renvoyer à la notion d'équilibre et d'équilibre dans tempérance. Et peut-être est-ce là qu'il faut faire le lien entre tempérance et justice qui sont peut-être deux vertus qui parlent d'équilibre. -------------------------------- Section suivante, la carte tempérance du Wake Me Up Tarot. Alors ici j'aime pas trop la carte parce que je trouve qu'elle n'est pas forcément représentatrice de l'idée que je me fais de tempérance mais cette carte me permet d'aborder quelque chose qui me semble intéressant. D'abord concernant l'image elle-même, on peut voir un jeune homme dans un intérieur, donc sans doute chez lui, qui est assis à une table et qui est en train manifestement de se verser une infusion d'herbes et à côté de la tasse, il y a un crayon et des feuilles et derrière lui, sur le mur, on peut voir des plantes vertes, on peut voir un poster avec un homme en train de méditer en position de tailleur avec les sept chakras représentés, on peut voir un autre poster avec des ailes d'anges et on peut voir aussi une fenêtre à travers laquelle on voit un horizon et se détache de l'horizon l'astre du jour, le soleil, sachant qu'on ne sait pas si c'est un coucher de soleil ou si c'est une aube. Je trouve qu'ici on est relativement éloigné du symbolisme de tempérance, c'est pour ça que je n'aime pas trop cette carte, mais peut-être parce qu'elle dénote la vie quotidienne, elle me permet d'aborder le fait que la tempérance peut mener à une vie de médiocrité ennuyeuse, d'habitude routinière et de manque de plaisir. Mais les philosophes nous disent que rester centré et conscient pendant que nous empruntons le chemin du milieu, car ceci peut être symbolisé par le poster avec l'homme en pleine méditation, nous permet de choisir nos réactions aux événements. Et ici ces réactions peuvent être symbolisées par une nature posée et méditée avec le crayon et les pages du cahier. Si nous passons d'une situation à l'autre comme une balle de ping-pong, en ayant des crises émotionnelles, lorsque nous sommes dépassés, nous perdons le contrôle de notre avenir. Avec une dose de tempérance, nous pouvons évaluer la réalité avec clarté et faire des choix qui soutiennent nos objectifs à long terme plutôt que de les saboter par des actes impétueux. -------------------------------- Section suivante, ce que n'est pas tempérance, elle n'est pas la carte de la modération. On peut se poser la question si cette carte nous parle réellement de tempérance et de modération. Pourquoi ? Parce que finalement elle est juste devant la carte du diable, qui est la carte suivante, donc 15, le diable, et qu'on peut se poser avec justesse et pertinence la question, mais comment se fait-il que la carte de la tempérance est juste devant la carte du diable, alors que peut-être elle devrait être après la carte du diable, par exemple en 16, à la place de la maison de Dieu, pour signifier que dans cette étape du voyage du fou, après le diable, on est capable de ne pas basculer dans l'excès, parce que c'est vraiment une des dimensions du diable, mais au contraire on est capable de vivre dans la modération. Dans certains jeux de tarot italiens du 15e au 16e siècle, les vertus étaient regroupées après le pape et à côté des autres cartes du 7, le chariot, et 6, les amants. Cette tradition s'est poursuivie au cours des siècles suivants avec les jeux de Taroccino et de Minciante, qui n'ont pas été influencés par le tarot de Marseille. Puisque la tempérance consiste à s'efforcer d'être équilibrée, de modérer dans la vie quotidienne, il est logique de placer cette carte parmi de vraies personnes confrontées à de véritables difficultés, comme le montrent les sept premières cartes de la série Latour. Cependant, les concepteurs et les maîtres quartiers français ont conçu le jeu de tarot de Marseille avec des positions des vertus très différentes. Ils les ont espacées à travers le jeu et ils ont mis la tempérance en position 14, juste après la mort en position 13, et le diable en position 15. Nous ne connaissons pas l'intention des maîtres quartiers de la Renaissance française. Il existe diverses théories sur la raison pour laquelle un ange apparaît entre les cartes les plus sombres du jeu. L'ange pourrait être un guide ou sa propre essence spirituelle que l'on peut rencontrer dans l'autre monde, c'est-à-dire après la mort. Il peut aussi s'agir d'une présence guérisseuse mélangeant un élixir pour vous aider à faire face à votre voyage dans l'obscurité à travers la mort. Puisque cette carte tempérance suit la carte de la mort et la dépasse, elle peut aussi représenter un archange qui accueille les âmes des morts aux portes du paradis. Naturellement, on peut aussi penser au triomphe de PETRARQUE où il existe le triomphe de la renommée sur la mort. Ici, on pourrait avoir la tempérance qui est inspirée de la renommée et qui transcende la mort. Cependant, pour ma part, j'ai une autre vision de la situation. Dans le voyage du fou, nous avons le pendu en position 12 qui représente la nécessité d'observer ses liens et de se doter d'un autre point de vue sur le monde et de prendre en considération la nature de nos propres liens et de quelle manière nous sommes entravés. Ensuite, nous avons la mort en position 13 qui nous dit qu'il faut rompre avec ses liens, qu'il faut trancher notre attachement et qu'il faut en finir avec les mauvaises habitudes qui nous entravent et qui nous empêchent d'avancer dans notre évolution. Ensuite, nous avons la tempérance en position 14 qui nous dit qu'il faut recréer de nouveaux liens et ces liens doivent être équilibrés harmonieux et donc nourrir et créer des liens qui sont plus positifs que les liens du pendu. Ici, avec tempérance, on parle de liens qui n'entravent pas et n'empêchent pas l'évolution. Même si cette vision est relativement satisfaisante, elle pose un problème parce qu'on oublie dans cette vision que le diable suit la tempérance. Alors comment peut-on construire des liens équilibrés, modérés et harmonieux alors que la carte suivante nous parle donc de liens déséquilibrés, de liens dénaturés et de comportements dans l'excès ? Autrement dit, comment peut-on apprendre la modération et l'équilibre avec tempérance alors que dans la carte suivante tout est remis en cause avec le diable ? Et on est bien d'accord que dans le voyage du fou, il y a une chronologie, une suite d'étapes qui se font l'une après l'autre. Et il est très clairement établi que la carte du diable se situe après la carte de tempérance et que donc l'enseignement qui est à apprendre avec le diable suit l'enseignement de la carte de la tempérance. Il y a donc une subtilité qui semble être une subtilité mais qui est fondamentale à comprendre, c'est que la carte de la tempérance est la carte du donnant-donnant, la carte du gagnant-gagnant. C'est-à-dire qu'à travers la carte du pendu, on comprend à quel point les liens que l'on a établis avec les autres sont des liens absolument unilatérals où on donne tout et on reçoit rien, où on est particulièrement attaché à ces liens. Et après avoir rompu avec ses mauvaises habitudes grâce à la mort, avec la carte de la tempérance, on apprend à créer des liens qui sont donnant-donnant et qui ne sont plus unilatéraux. C'est-à-dire je continue de te donner mais je ne te donne pas tout, j'en garde pour moi. C'est ainsi qu'on pourrait comprendre la jeune femme qui verse de l'eau depuis une cruche, c'est-à-dire je donne, et qui récupère l'eau dans une autre cruche, c'est-à-dire j'en garde pour moi. Est-ce que c'est une vision si travestie ou extrême de tempérance ? À la limite, les deux amphores sont tout aussi déséquilibrés que les plateaux de la balance de la carte de la justice. Si réellement on parlait d'équilibre et d'harmonie, les amphores ne devraient-elles pas être au même niveau ? En vérité, peut-être qu'il faut comprendre qu'avec tempérance, l'heure n'est pas encore à l'équilibre et à l'harmonie, qui je pense viendront davantage avec les cartes du soleil et du jugement. C'est ainsi qu'on pourrait expliquer la position de tempérance devant la carte du diable, parce que le diable est dans un autre extrême qui est je donne rien et je prends tout, et je reçois tout. Donc tempérance est au milieu de deux comportements, le pendu qui nous dit je donne tout et je reçois rien, et le diable qui nous dit je reçois tout mais je ne donne rien. Et sommes-nous sûrs que les maîtres quartiers nous enseignent un tel message ? C'est là qu'il faut revenir à la première carte du cycle spirituel, c'est-à-dire la carte numéro 11, la force, qui nous parle de la maîtrise de ses pulsions mais aussi de la manière dont nous nous comportons avec soi-même et avec les autres, car il ne faut pas oublier que la jeune femme de la carte du lion tient dans sa main la gueule du lion. La carte de la force qui est donc la première du cycle spirituel nous dit bien que le sujet central est l'interaction avec les autres et l'interaction avec sa dimension intérieure.